D'après « Curiosités historiques et littéraires », paru en 1897
Lors d'une des dernières aurores boréales qu'on vit dans la capitale, lisons-nous dans le Journal de Paris de 1776, beaucoup de gens du peuple en furent alarmés.
Un Russe, qui était à Paris en ce temps-là, se trouva dans le quartier des Halles, où une foule de gens faisaient d'extravagantes réflexions, en regardant les lueurs illuminant le ciel. La curiosité l'engagea à demander la cause de ces rumeurs.
Effet d'aurore boréale. Peinture de François-Auguste Biard
— Nous sommes assurément, lui répondit une femme effrayée, menacés des plus grands malheurs ; voyez-en les signes dans le ciel.
— Quoi ! n'est-ce que cela ? dit le Russe. Rassurez-vous : ces feux n'annoncent rien moins que ce que vous croyez. C'est la réverbération de quelques artifices que fait tirer l'impératrice de Russie à Saint-Pétersbourg. Je suis de ce pays-là ; et je dois vous dire que comme le bois, la poudre et le goudron y sont extrêmement communs, on en fait une prodigieuse dépense à certains jours de réjouissance ; et justement le jour où nous sommes est un de ces jours. »
Cette plaisanterie, débitée du ton le plus sérieux, passa de bouche en bouche et tranquillisa l’assistance.