D'après « L'Improvisateur français » (tome 21), paru en 1806
On aura peine à croire que ce soit contre Jean de La Bruyère, qui ne fut admis au fauteuil académique qu'avec la plus grande difficulté — il échoua en 1691 et fut élu en 1693 en dépit de l'opposition de Bernard de Fontenelle et de Thomas Corneille —, que fut composé le quatrain suivant (Suard, Mélanges de littérature) :
Quand La Bruyère se présente,
Pourquoi faut-il crier haro ?
Pour faire un nombre de quarante
Ne fallait-il pas un zéro ?
Portrait de Jean de La Bruyère attribué à Nicolas de Largillière
Cette plaisanterie fut trouvée si bonne qu'on la renouvela depuis à la réception de plusieurs académiciens, et notamment contre l'abbé Nicolas Trublet, élu en 1761. On débita alors dans le public une estampe où il était représenté comptant ses jetons académiques, et disant avec enthousiasme (Le Colporteur) :
Depuis vingt ans, je cours après cette monnoie ;
Depuis vingt ans sur moi chacun criait haro :
Je suis, dans ce grand jour, au comble de ma joie,
Et dans quarante enfin je forme le zéro.