D'après « Histoire curieuse et pittoresque des sorciers, devins, magiciens, astrologues, etc. », paru en 1846
Comptant parmi les plus grands châteaux forts français et bâti, selon la légende, en quelques heures par la fée Mélusine pour son mari Raymondin, le château de Lusignan fut le théâtre d'un fait singulier peu connu, survenu la nuit du 22 juillet 1260.
Il apparut, en effet, entre le château et le parc, sur les bords de la rivière, deux hommes de feu, extrêmement puissants, armés de toutes pièces, dont le costume était tout enflammé ; ils avaient un glaive tout en feu d'une main, et tenaient de l'autre une lance toute flamboyante. De cette lance dégoûtait du sang.
Le château de Lusignan. Extrait des Très Riches Heures du duc de Berry
Ces deux hommes, chargés de semblables défenses, se combattirent longtemps. A la fin, l'un d'eux fut blessé ; et en tombant, il poussa un si horrible cri, qu'il réveilla plusieurs habitants de la haute et basse ville, et frappa la garnison d'étonnement, bien qu'elle fût sous les armes. Leur lutte finie, il survint une longue bouche de feu, qui passa la rivière et pénétra dans le parc ; cette bouche était suivie de monstres de forme de singe.
De pauvres gens, qui étaient allés dans la forêt chercher du bois pour travailler, rencontrèrent ce prodige. La frayeur qu'en ressentit l'un d'entre eux le fit mourir. Pendant que les soldats étaient montés sur les murailles de la ville pour voir ce spectacle, il passa sur eux une grande troupe d'oiseaux, les uns noirs, les autres blancs, jetant un cri hideux et épouvantable. Deux flambeaux précédaient ce groupe ailé, et une figure d'homme les suivait, contrefaisant le hibou.