D'après « Anecdotes du temps de la Terreur », paru en 1863
Dans ses Mémoires pour servir à l'histoire des événements de la fin du dix-huitième siècle depuis 1760 jusqu'en 1806-1810, publiés en 6 tomes quelques années après sa mort survenue en 1813, l’abbé Jean-François Géorgel explique que ce fut dans l'assemblée électorale de la Sainte-Chapelle, à Paris, que le sans-culottisme prit naissance.
Et voici à quelle occasion. Un électeur de la section de l'Observatoire, dans le faubourg Saint-Jacques, s'exprimait, en repoussant une proposition très constitutionnelle, en termes aussi incorrects que peu mesurés. Le costume de l'opinant répondait parfaitement à son langage. Un autre électeur, humilié peut-être et fatigué de toutes ces inconvenances, se lève et dit : « Président, retirez donc la parole à ce sans-culotte. »
Chénard, premier costume sans-culotte, octobre 1792
(tableau de Louis-Léopold Boilly)
Effectivement, l'orateur n'avait qu'un pantalon de grosse toile, dont les taches et les trous n'annonçaient ni le soin ni l'aisance. Ce mot fut recueilli avec enthousiasme par les Jacobins. Dès le lendemain, plusieurs d'entre eux, vêtus ordinairement avec élégance et recherche, parurent avec des pantalons dans l'assemblée électorale, où l'on fit circuler des couplets en l'honneur du sans-culottisme.