D'après « Le Voleur illustré », paru en 1902
Victor Hugo, chacun le sait, n’était rien moins que modeste. Aussi Alexandre Dumas, qui brillait plus par sa jovialité que par l’orgueil, lui joua-t-il un beau tour. Le facteur remit un jour à Victor Hugo une lettre qui portait cette simple suscription : Au plus grand poète de France.
Avec un empressement de courtoise et d’humilité, Victor Hugo la porta chez Lamartine.
Victor Hugo
— Le facteur s’est trompé, mon cher Lamartine, lui dit-il, cette lettre est certainement pour vous.
— Certainement non, mon cher Hugo, répond non moins courtoisement le chantre d’Elvire. Elle est bien à son adresse entre vos mains.
Enfin, ils se décident à rompre le cacher. La lettre commençait ainsi : « Mon cher Alfred... » Elle était pour Musset ; c’était la plaisanterie de Dumas.