D'après « La Mosaïque », paru en 1878
Vous seriez-vous jamais avisé que le roulement des voitures pût faire « tourner le vin » dans les caves ? demande en 1878 La Mosaïque à ses lecteurs. Dans un libelle, intitulé « Justes plaintes faites au roi par les cabaretiers de Paris sur la confusion des carrosses », le sieur D.-L. P. écrivait, en 1625 :
« Sire, notre peine et nos biens se perdent par l’horrible roulement de ces maisons de cuir qui, jour et nuit, font troubler nos vins, que nous sommes forcés pour les débiter et nous en défaire de les sophistiquer et mixtionner par artifices qui ne peuvent estre que très pernicieux à ceux qui les boivent et leur infecter l'estomach. Voilà un commencement de maux que je fais voir à Votre Majesté de l'incommodité des carrosses. »
Quelle admirable naïveté et que certains marchands de vins modernes sont maladroits au prix de ceux de 1625 ; il est vrai qu'ils ne prennent pas même, pour motiver leurs « travaux chimiques » le prétexte de la nécessité, s’amuse le chroniqueur, qui ajoute que, depuis deux siècles le nombre des voitures ayant été centuplé, attendons-nous à ce que les « fuchsinateurs et travailleurs de vins » demandent des indemnités à la compagnie des omnibus, comme à celles des petites voitures et des tramways.
Illustration : un carrosse sous Louis XIII