Le 14 mars 1848, le gouvernement provisoire avait rendu un décret supprimant les compagnies d'élite, grenadiers et voltigeurs, qui se trouvaient ainsi fondues dans la garde nationale.
L'émotion fut grande parmi les citoyens que touchait cette mesure égalitaire ; aussi, le surlendemain 16 mars, plusieurs légions de la garde nationale s'assemblèrent et se rendirent à l'Hôtel de ville, au nombre de cinq à six mille hommes, pour faire entendre leurs plaintes aux membres du gouvernement, qui les régalèrent de quelques morceaux d'éloquence officielle.
C'est ce qu'on a appelé, à cause des coiffures que portaient les grenadiers, la manifestation « des bonnets à poil ». En souvenir de cet épisode, la même dénomination fut appliquée, à la suite d'un spirituel article de John Lemoinne, à la démarche collective que les députés de la droite firent auprès de Thiers, le 20 juin 1872, pour l'entretenir de leurs inquiétudes et des moyens d'enrayer les progrès du radicalisme. (Journal des Débats du 22 juin).
Illustration : Grenadier et Voltigeur