D'après « Revue d'archéologie poitevine », paru en 1899
Furetière parle ainsi des mouchettes : « Mouchettes, substantif féminin pluriel. Petit ustensile, qui sert à moucher les chandelles et les bougies. On en fait d’argent, de cuivre, d’étain et de fer. Une paire de mouchettes d’argent. En latin, muscatoria, emunctoria. »
Faisons un peu de philologie. Puisque l’instrument a disparu de la fabrication actuelle, faute de chandelles, par suite de la transformation du luminaire, il n’est pas inutile d’insister sur le mot lui-même. Mouchette serait tout aussi bien au singulier, car il s’agit d’un objet unique ; le pluriel n’a sa raison d’être, qu’autant qu’on y ajoute paire. Or, la paire, en réalité, n’existe pas pour la mouchette elle-même, mais exclusivement pour le manche. Aussi devrait-on lui préférer le terme ancien ciseaux, qui se trouve dans le compte royal de 1552 : Pour ung sysiaux à moucher la chandelle ».
Ciseaux détermine à la fois la forme et l’usage ; mouchette cependant est assez expressif, car il traduit l’acte même, en employant substantivement le verbe moucher, qui signifie, par allusion à l’opération du mouchoir, toujours d’après Furetière, « retrancher une partie du lumignon d’une chandelle, lorsqu’il est trop grand et qu’il empêche qu’elle n’éclaire ». On ne cite là qu’un seul des inconvénients du lumignon trop long, qui est de nuire à la clarté ; mais il en est un autre non moins réel, à savoir que le lumignon forme alors un champignon noir, fumeux et d’une odeur désagréable.
Illustration : Mouchettes en fer forgé du XVIIIe siècle