En 1940, un lecteur parisien du Berry médical adressait une supplique en vers à son directeur, qui était un fin lettré, le Docteur L. Robert : il lui demandait une chronique sur... l'ovule.
Le voeu fut exaucé de la façon la plus poétique du monde : sans trop blesser la pudeur de ses lectrices, Le Berry a publié une anthologie de poèmes badins consacrés au « petit œuf ». Nous ne saurions y trouver de pièce bien ancienne, attendu que la forme pharmaceutique en question est d'invention relativement récente. Mais il y a plusieurs parodies d'œuvres classiques :
— l'une à la manière de François Coppée (La femme du mécanicien) : Je suis bloqué, dit-il, nul convoi ne circule
— l'autre imitant Le vase brisé de Sully Prudhomme : Il est fripé. N'y touchez pas !
— une autre rappelant le fameux sonnet d'Arvers :
Mon corps est un mélange entouré de mystère.
Un pharmacien subtil savamment m'a conçu.
Sa formule est secrète; à tous on doit la taire
Et personne, à part lui, n'en a jamais rien su !
— une transposition des vers bien connus de la baronne Fauqueux (Ne vouloir être rien, n'être rien qu'une femme) qui deviennent : Ne vouloir être rien qu'un ovule, Madame !
— enfin un élégant pastiche du XVIIIe siècle :
(...) Je ne sors point vivant de cet obscur domaine ;
Je meurs et me consume, hélas ! où j'ai servi.