23 avril 2012
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Dans le chapitre de ses Historiettes consacré à Henri IV, Tallemant des Réaux nous apprend que, passant par un village, le roi fut obligé de s'arrêter pour y dîner ; il donna ordre qu'on lui fît venir celui du lieu qui passait pour avoir le plus d'esprit, afin de l'entretenir pendant le repas.
On lui dit que c'était un nommé Gaillard. « Eh bien ! dit-il, qu'on l'aille quérir. » Ce paysan étant venu, le roi lui commanda de s'asseoir vis-à-vis de lui, de l'autre côté de la table où il mangeait.
Tallemant poursuit : « Comment t'appelles-tu ? dit le roi. — Sire, répondit le manant, je m'appelle Gaillard. — Quelle différence y a-t-il entre Gaillard et paillard ? — Sire, répondit le paysan, il n'y a que la table entre deux. — Ventre-saint-gris! j'en tiens, dit le roi en riant, je ne croyais pas trouver un si grand esprit dans un si petit village. »
Illustration : Henri IV
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21 avril 2012
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Bonaparte, visitant un jour le tombeau de Jean-Jacques Rousseau à Ermenonville, — alors propriété du comte Stanislas de Girardin, qui rapporte la chose dans son Journal et Souvenirs (Voir la Revue bleue, 8 mai 1875, p. 1075 ; et 26 janvier 1878, p. 711), fit soudain cette remarque :
« Il aurait mieux valu, pour le repos de la France, que cet homme-là n'eût jamais existé.
— Et pourquoi, citoyen consul ? lui dis-je.
— C'est lui qui a préparé la Révolution française.
— Je croyais, citoyen consul, que ce n'était pas à vous à vous plaindre de la Révolution.
— Eh bien, répliqua-t-il, l'avenir apprendra s'il n'eût pas mieux valu, pour le repos de la terre, que ni Rousseau ni moi n'eussions jamais existé.
...Et il reprit d'un air rêveur sa promenade. »
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6 avril 2012
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Extrait de « Les Annales politiques et littéraires », paru en 1926
Un jour, Henri IV, passant par une petite ville, dut s'arrêter devant la députation qui accourait pour le haranguer. L'orateur, ayant commencé son discours, fut interrompu par un âne qui se mit à braire à gorge déployée :
— Messieurs, dit le malin Béarnais, parlez chacun à votre tour ; je ne vous comprends pas.
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4 avril 2012
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Pendant près de quatre cents ans, Paris vit s'accomplir les rites d'une fête dont le souvenir est totalement effacé aujourd'hui. Depuis 1418 jusqu'à la Révolution, le coin de la rue aux Ours, à Paris, s'illuminait, le 3 juillet, et de nombreux cierges éclairaient la niche vide d'une statue.
Cependant, les rues d'alentour retentissaient de clameurs ; c'est que la foule suivait en vociférant le cortège d'un mannequin costumé en Suisse. La procession durait pendant plusieurs heures et parcourait tous les quartiers de la ville avant de revenir aux carrefours des rues Salle-au-Comte et aux Ours. Puis, à la nuit tombante, le mannequin était enfin brûlé et la fête s'achevait dans l'apothéose d'un feu d'artifice.
S'il faut en croire les différents compartiments d'un tableau peint en 1772, un fait inouï aurait donné naissance à cette procession plusieurs fois séculaire. En effet, le 30 juin 1418, un soldat suisse frappa de son épée la statue de la Vierge placée dans la niche de la rue aux Ours. Le sang jaillit aussitôt. Le soldat fut arrêté, jugé, condamné et exécuté au lieu même du crime. Quant à la statue mutilée, on la transporta à Saint-Martin-des-Champs, où la vénération populaire lui donna le nom de Notre-Dame de la Carole. Et, tous les 3 juillet, on donnait une fête en son honneur... Le souvenir de la mutilation se perdit peu à peu, mais la réjouissance se poursuivit jusqu'à la Révolution.
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2 avril 2012
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Dans le huitième discours de ses Dames Galantes, Brantôme nous apprend que Louise de Savoie — la mère de François Ier —, passant de vie à trépas le 22 septembre 1531, « trois jours advant que mourir, vit la nuict sa chambre toute en clarté qui estoit transpercée par la vitre. Elle se courrouça à ses femmes de chambre qui la veilloient pourquoy elles faisoient un feu si ardant et esclairant.
« Elles luy respondirent qu'il n'y avoit qu'un peu de feu, et que c'estoit la lune qui ainsy esclairoit et donnoit telle lueur. Comment ! dit-elle, nous en sommes au bas ; elle n'a garde d'esclairer à ceste heure. Et soudain, faisant ouvrir son rideau, elle vit une comette qui esclairoit ainsy droict sur son lict. Ah ! dit-elle, voylà un signe qui ne paroist pas pour personne de basse qualité. Dieu le fait paroistre pour nous autres grands et grandes. Refermez la fenestre ; c'est une comette qui m'annonce la mort ; il se faut doneques préparer.
« Et le lendemain au matin, ayant envoyé querir son confesseur, fit tout le debvoir de bonne chrestienne, encor que les médecins l'asseurassent qu'elle n'estoit pas là. Si je n'avois veu, dit-elle, le signe de ma mort, je le croirois, car je ne me sens point si bas ; et leur conta à tous l'apparition de sa comette. Et puis, au bout de trois jours, quittant les songes du monde, trespassa. »
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1 avril 2012
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Dans le second tome de leur Dictionnaire étymologique, critique, historique, anecdotique et littéraire, Noël et Carpentier rapportent au mot maquereau les propos de l'abbé Tuet tenus dans Matinées senonoises :
« Gilbert Cousin observe que, de son temps, on appelait en France poisson d'avril, celui qui fait le métier infâme de débaucher les personnes du sexe, parce que le poisson dont il porte le nom chez le bas peuple (le maquereau) est excellent a manger dans ce mois-là. Le Duchat croit que ce nom, pris dans un sens libre, se dit par corruption pour mercureau, c'est-à-dire, petit mercure. Le dieu de l'éloquence était aussi le messager des habitans de l'Olympe, et son nom est devenu celui d'un entremetteur de mauvais commerce. »
Le même philologue Le Duchat (1658-1735) ajoute dans le tome II de son Ducatiana, au sujet du mois d'avril, que « c'est vers ce temps-là que le maquereau, qu'on appelle aussi poisson d'avril, se laisse prendre. »
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28 mars 2012
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D'après « Gazette anecdotique », paru en 1888
Ce qu'on appelle gaffe, explique en 1888 l’académicien Emile Faguet, c'est généralement ce que nos pères appelaient une impertinence (avant que le mot, perdant sa signification vraie, ne fût devenu tout simplement synonyme d'insolence). C'est à savoir une parole très mal à propos, un mot qui est celui juste qu'il ne fallait pas dire à telle personne, à tel moment, dans telle circonstance...
Il y en a de célèbres dans la littérature et dans l'histoire anecdotique. Il me semble que c'est dans Turcaret qu'il y a les plus fortes et les plus nombreuses. Le Sage aimait ce genre d'amusement qui est très fécond en effets comiques. Il y a des gaffes monumentales, comme celle de cet invité de Voltaire qui complimentait Mme Denis de la manière admirable dont elle avait joué Zaïre. « Oh ! Monsieur, répondait l'excellente femme, un peu ridicule mais excellente, il faut être jeune et belle pour bien jouer Zaïre ! – Oh ! Madame, répliquait avec empressement l'aimable courtisan, le parfait homme du monde, vous êtes bien la preuve du contraire. » Pour une gaffe, voilà une gaffe, c'est la gaffe classique, conclut Faguet.
Sous quelle rubrique classerons-nous celle de ce jeune innocent qui, assis entre Mme de Staël et Mme Récamier, s'écriait : « Me voici entre l'esprit et la beauté ! » Ce qui lui valut cette riposte de Corinne : « Sans posséder ni l'un ni l'autre ». Sainte-Beuve, qui cite également le mot dans un de ses Lundis (tome VIII des Nouveaux lundis dans l'article sur Marie Leckzinska) le donne d'une manière différente : « Un homme assis à table entre Mme de Staël et Mme Récamier s'échappa à dire : « Me voilà entre l'esprit et la beauté ! » ce qui fit dire à Mme de Staël, relevant la sottise : « C'est la première fois qu'on me dit que je suis belle ! »
Illustration : Germaine de Staël
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27 mars 2012
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Dans ses Mémoires, Louis Fauvelet de Bourrienne (1769-1834), qui fut un proche de Bonaparte avec lequel il avait été à l'École de Brienne en Champagne, s’exprime ainsi :
Dans les premiers temps seulement que nous habitions les Tuileries, quand je voyais Bonaparte entrer dans le cabinet à huit heures du soir, revêtu de la redingote grise, je savais qu'il allait médire : « Bourrienne, allons faire un tour ! » Quelquefois alors nous allions marchander des objets de peu de valeur dans les boutiques de la rue Saint-Honoré, sans que nos excursions s'étendissent plus loin que la rue de l'Arbre-Sec.
« Pendant que je faisais dérouler sous nos yeux les objets que moi je paraissais vouloir acheter, lui, il faisait son rôle de questionneur ; il n'y avait rien de plaisant comme de le voir alors s'efforcer de prendre le ton léger et goguenard des jeunes gens à la mode. Qu'il était gauche à se donner des grâces, quand, rehaussant les coins de sa cravate , il disait : « Eh bien ! madame, que se passe-t-il de nouveau ? Citoyens, que dit-on de Bonaparte ? Votre boutique me paraît bien achalandée. Il doit venir beaucoup de monde ici. Que dit-onde ce farceur de Bonaparte ?... »
Qu'il fut heureux un jour ! Il nous arriva d'être obligés de nous retirer précipitamment pour fuir les sottises que nous avait attirées le ton irrévérencieux avec lequel Bonaparte parlait du premier consul.
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26 mars 2012
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Le terme d'enregistrer, dit l'historien Velly, était inconnu avant le roi saint Louis. Jusque-là les actes avaient été inscrits sur des peaux ou parchemins, cousus les uns au bout des autres, que l'on enroulait à la manière des anciens ; aussi, au lieu de dire les registres, on disait les rouleaux du parlement ou de tout autre corps ou institution.
Jean de Montluc, greffier en chef de la cour, recueillit en différents cahiers reliés ensemble les principaux textes d'arrêts ou d'ordonnances qui avaient été rendus avant lui et de son temps. Et ce sont ces compilations qui ont donné commencement aux expressions registre et enregistré, du latin registum, quasi iterum gestum, c'est-à-dire porté, rendu de nouveau, parce que recueillir ces textes c'était en quelque sorte leur donner une nouvelle existence.
Cet établissement de registres est la véritable origine de l'enregistrement des ordonnances, lettres patentes, etc., formalité d'abord appliquée seulement aux actes publics, puis, plus tard, étendue aux actes privés ayant besoin d'une sanction légale.
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25 mars 2012
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Le Magasin encyclopédique ou Journal des sciences, des lettres et des arts de l’année 1799 (tome V) nous apprend que : « Le ministre de l'Intérieur vient d'écrire au ministre des Finances pour l'inviter à suspendre la vente de la cathédrale de Reims, dont le portail est un chef-d'œuvre d'architecture gothique. Le produit de la vente serait peu considérable et la conservation du monument est précieuse sous les rapports de l'antiquité et de l’art. Nous espérons en conséquence que des adjudicataires barbares ne porteront pas la hache sur ce beau monument, que la faux du vandalisme avait respecté, et n'ajouteront pas cette perte à toutes celles sur lesquelles gémissant les amis des arts. »
On trouve de même dans la Gazette nationale ou Moniteur universel du 23 nivôse an VII (12 janvier 1799), une note similaire : « Le ministre de l’Intérieur, informé que l’on se disposait à vendre la cathédrale de Reims, a écrit au ministre des Finances pour l’inviter à suspendre la vente d’un monument si précieux sous les rapports de l’antiquité et de l’art. »
La Gazette de France du 27 août 1912 nous révèle que Ramel, ministre des Finances de l’an VII, calcula sou à sou ce que produirait la démolition et le vente au détail de la cathédrale de Reims, et que l’homme qui sauva ce chef-d’œuvre menacé fut le Lorrain François de Neufchâteau, alors ministre de l’Intérieur.
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