Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 octobre 2014 7 26 /10 /octobre /2014 08:55

D'après « Memoires, souvenirs, oeuvres et portraits » (Tome 3) par Alissan de Chazet, paru en 1837

 

Quelque temps avant le 18 brumaire (9 novembre 1799), Bonaparte se trouvait à Morfontaine chez son frère Joseph. Le comte Regnaud de Saint-Jean-d’Angély vint le voir ; le général, qui roulait déjà dans sa tête le projet de renverser le Directoire, proposa à Regnaud une promenade équestre.

 

Comme ils revenaient à toute bride à travers les rochers, le cheval de Bonaparte rencontre une pierre que le sable recouvrait ; le coursier s’abat, et le cavalier se trouve lancé, avec une extrême violence, à douze ou quinze pas de sa monture. Regnaud, descendu de cheval, court au général, et le trouve sans connaissance ; il ne respirait plus ; il le croit mort.

 

Portrait de Bonaparte

 

Son évanouissement ne dura que quelques minutes. « Quelle peut vous m’avez faite, général ; je vous ai cru tué ! — Voilà, répondit philosophiquement Bonaparte, à quoi tiennent les plus grands desseins ! Tous nos projets ont failli se briser contre une petite pierre ! »

 

Il répétait souvent : « Une petite pierre a failli changer le sort du monde ! » ce qui évoque le mot de Pascal : « Cromwell allait ravager toute la chrétienté : la famille royale était perdue, et la sienne à jamais puissante, sans un petite grain de sable qui se met dans son urètre. Rome même allait trembler sous lui ; mais ce petit gravier, qui n'était rien ailleurs, mis en cet endroit, le voilà mort, sa famille abaissée, et le roi rétabli. » Mais Cromwell est mort d'une fièvre, et non de la pierre ni de la gravelle.

Partager cet article
Repost0
12 octobre 2014 7 12 /10 /octobre /2014 08:55

D'après « L'Improvisateur français » (Tome 11), paru en 1805

 

Sous le règne de Louis XVI , on trouva dans la boîte de la grande poste de Paris, une lettre portant pour suscription : Au Grand-Seigneur, en son hôtel, à Constantinople. La simplicité de cette adresse fit assez voir que la lettre était de quelqu'un de fort ingénu.

 

Elle fut remise au Ministre et envoyée au Roi, qui en prit lecture. Elle portait textuellement : « Monsieur le Grand-Turc ; vous saurez que nous sommes trois bonnes amies, âgées de 16 à 17 ans, qui étant inséparables, avons résolu de vous choisir toutes trois pour notre mari. Nous espérons que vous ne nous refuserez pas. En conséquence, aussitôt que nous aurons fait notre première Communion, nous quitterons notre couvent pour aller vous trouver. Nous vous promettons de ne rien négliger pour que vous soyez content de nous. »

 

Abdülhamid Ier, sultan de l'Empire ottoman (1774-1789)

 

Cette lettre était signée de trois jeunes Demoiselles en pension chez les religieuses de l'Abbaye de Panthemont. Ces jeunes personnes demeurant ensemble depuis quelques années, s'étaient unies par les liens d'une amitié d'autant plus sincère, qu'ils s'étaient formés dans l'âge de l'innocence. Désespérées de la séparation qui devait bientôt avoir lieu, en sortant du couvent, pour retourner chacune chez leurs parents, dont la demeure était éloignée l'une de l'autre, peut-être par plusieurs provinces, elles avaient, en conséquence, imaginé d'épouser le Grand-Turc — Abdülhamid Ier, sultan de l'Empire ottoman de 1774 à 1789 —, pour s'assurer le moyen de vivre entre elles inséparablement.

 

Le Roi s'amusa beaucoup de cette imagination romanesque, mais cacha à la Cour le nom des jeunes personnes à qui la connaissance de cette anecdote, si elle eut été répandue, aurait pu donner du ridicule. Elle fit le sujet d'un petit Opéra intitulé Le Pacha de Suresnes.

Partager cet article
Repost0
28 septembre 2014 7 28 /09 /septembre /2014 08:55

D'après « Mémoires de la duchesse d'Abrantès », paru en 1831

 

Le célèbre Buffon prétendait que les femmes pouvaient bien avoir des envies, mais que jamais ces envies ne laissaient de traces, écrit dans ses Mémoires la mémorialiste Laure Permon plus connue sous le nom de duchesse d'Abrantès. Mon oncle (Pierre-François Bienaimé, évêque de Metz), poursuit-elle, prétendait le contraire, parce que les exemples qu'il avait vus le rendaient crédule.

 

La discussion s'engagea. La pauvre Mme de Buffon fut le martyr destiné à vérifier le fait. Elle était grosse, rapporte encore la duchesse, et depuis quelques jours témoignait un vif désir de manger des fraises. Ce n'était pas la saison. Les belles serres chaudes de Montbard en contenaient plusieurs plates-bandes, mais encore vertes, et Mme de Buffon guettait le moment de leur première rougeur pour les piller.

 

Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon

 

— Pardieu, l'abbé, dit M. de Buffon, nous verrons qui de nous deux a raison.

 

Et le lendemain la serre est fermée, les ordres les plus sévères sont donnés au jardinier, et la pauvre gourmande est condamnée à venir chaque jour contempler les plates-bandes verdoyantes sur lesquelles se détachait le fruit que chaque jour aussi rendait plus vermeil.

 

Plus tard, Mme de Buffon accoucha d'un enfant ayant une belle fraise sur la paupière gauche ! Et l'oncle de la duchesse d'Abrantès d'affirmer que le naturaliste se trouva peiné d'avoir là, devant lui, une preuve vivante d'une erreur écrite, imprimée...

Partager cet article
Repost0
14 septembre 2014 7 14 /09 /septembre /2014 08:55

D'après « L'Improvisateur français » (tome 21), paru en 1806

 

On aura peine à croire que ce soit contre Jean de La Bruyère, qui ne fut admis au fauteuil académique qu'avec la plus grande difficulté — il échoua en 1691 et fut élu en 1693 en dépit de l'opposition de Bernard de Fontenelle et de Thomas Corneille —, que fut composé le quatrain suivant (Suard, Mélanges de littérature) :

 

Quand La Bruyère se présente,

Pourquoi faut-il crier haro ?

Pour faire un nombre de quarante

Ne fallait-il pas un zéro ?

 

Portrait de Jean de La Bruyère attribué à Nicolas de Largillière

 

Cette plaisanterie fut trouvée si bonne qu'on la renouvela depuis à la réception de plusieurs académiciens, et notamment contre l'abbé Nicolas Trublet, élu en 1761. On débita alors dans le public une estampe où il était représenté comptant ses jetons académiques, et disant avec enthousiasme (Le Colporteur) :

 

Depuis vingt ans, je cours après cette monnoie ;

Depuis vingt ans sur moi chacun criait haro :

Je suis, dans ce grand jour, au comble de ma joie,

Et dans quarante enfin je forme le zéro.

Partager cet article
Repost0
31 août 2014 7 31 /08 /août /2014 08:55

D'après « La Semaine illustrée », paru en 1899

 

On s'étonne que, contrairement à l'ordre d'alternance des mois courts et longs, le mois d'août ait trente-et-un jours comme le mois de juillet qui le précède. On donne à cela une singulière raison.

 

Lorsque Jules César réforma le calendrier, il donna son propre nom (Julius) au cinquième mois de l'anée, qui jusque-là s'était appelé quintilis. Dans le calendrier Julien les mois avaient alternativement trente et trente-et-un jours, à l'exception de février, qui n'en avait que vingt-neuf, et les années bissextiles, trente.

 

 

Plus tard l'empereur Auguste voulut, lui aussi, qu'un mois portât son nom, et il choisit celui qui suit juillet (sextilis). Mais ce mois n'avait que trente jours, et Auguste, ne jugeant pas convenant que son mois fût plus court que celui de son oncle, réduisit février à vingt-huit jours et en ajouta un trente-et-unième au mois d'août ou d'Auguste (Augustus).

Partager cet article
Repost0
24 août 2014 7 24 /08 /août /2014 08:55

D'après « L'Époque illustrée », paru en 1895

 

Vers la fin du Second Empire, l'écrivain et journaliste gastronomique Charles Monselet (1825-1888), surnommé le « roi des gastronomes », résolut un jour de se venger des injures et mauvais procédés dont l'avait largement abreuvé le concierge d’une maison au sein de laquelle il avait séjourné et qu’il venait de quitter.

 

A ces causes, il se mit en route avec quatre amis, dont l’un était le journaliste Victor Noir (qui sera assassiné en 1870, à l’âge de 21 ans), et l’on se dirigea vers l’ancien domicile du poète. Il était deux heures du matin. Monselet sonna ; l’huis s’entrebâilla, et à la faveur des ombres de la nuit, les cinq compagnons s’introduisirent dans la place. Aussitôt entrés, ils entonnèrent de terribles hurlements ; de leurs gosiers jaillirent des chansons tonitruantes et un tel fracas bondit dans la cage d’escalier, que les globes des becs de gaz pensèrent s’en fêler et deux barreaux de rampe s’en tordre.

 

Charles Monselet

 

Effaré, éperdu, le madras de travers sur ses cheveux dressés, en chemise, les pieds nus et un bâton à la main, le concierge sortit de sa tanière ; mais, avant qu’il eût eu le temps de dire un mot ni de faire un geste, il fut saisi, enlevé, emporté dans la rue par les cinq conjurés, et sur son dos la porte, sa porte se referma lourdement. Les cinq n’étaient déjà plus qu’un groupe fuyant qui allait disparaître au tournant de la rue.

 

N’écoutant que son courage et sa colère, le concierge s’élança sur leurs traces, vociférant des imprécations et brandissant son bâton. Monselet, Victor Noir et les autres, marchaient vite, mais la rage donnait des ailes à leur ennemi, et ils allaient être rejoints, quand passèrent deux sergents de ville. Monselet alla vers eux, et simplement, entrouvrant son pardessus, qui découvrit à leurs regards respectueux le ruban de la Légion d’honneur : « C’est fort ennuyeux ! dit-il. Nous sommes poursuivis, depuis un quart d’heure, par un énergumène. Je ne sais pas ce qu’il nous veut. Ca doit être un fou. Il est en chemise, pieds nus. Un accès de fièvre chaude, sans doute ! »

 

Et comme, à ce moment, tout essoufflé et bouffant de fureur, le « fou » se ruait sur le groupe, les bons agents le cueillirent sans phrases et l’emmenèrent au poste, finir la nuit.

Partager cet article
Repost0
17 août 2014 7 17 /08 /août /2014 08:55

D'après « L'Écho du Nord. Supplément illustré », paru en 1881

 

Alexandre Dumas Père n'avait pas plus besoin d'économiser ses forces et sa vie qu'un fleuve d'économiser ses flots, et il semblait en effet qu'il tînt dans ses fortes mains des urnes jamais vidées, et d'où s’écoulait le ruisseau toujours clair et limpide. Avec quel airain épouvantable avait-il été fondu ?

 

Une fois, il avait eu le caprice de mener son fils Alexandre au bal masqué de Grados à la barrière Montparnasse, et, costumé en postillon, le grand homme avait toute la nuit dansé sans se reposer une minute, et porté des femmes à bras tendu, comme un Hercule.

 

Alexandre Dumas père

 

Rentré chez lui au matin, il voulut ôter sa culotte de peau blanche, mais elle s'était collée et mêlée à ses muscles gonflés, et pour le débarrasser de cette culotte de Nessus, Alexandre dut la fendre avec un canif et le mettre en morceaux. Après cela, que fit l'historien des Mousquetaires ?

 

Que pensez-vous qu'il choisit, du lit aux bons draps frais ou du bain tiède ? Il choisit la copie ! Et après avoir bu un bouillon s'attabla devant les feuillets de papier blanc, qu'il se mit à remplir jusqu'au soir, imaginant des aventures avec autant d'entrain et de verve que s'il venait de sortir d'un calme repos.

Partager cet article
Repost0
10 août 2014 7 10 /08 /août /2014 08:55

D'après « Curiosités historiques et littéraires », paru en 1897

 

Lors d'une des dernières aurores boréales qu'on vit dans la capitale, lisons-nous dans le Journal de Paris de 1776, beaucoup de gens du peuple en furent alarmés.

 

Un Russe, qui était à Paris en ce temps-là, se trouva dans le quartier des Halles, où une foule de gens faisaient d'extravagantes réflexions, en regardant les lueurs illuminant le ciel. La curiosité l'engagea à demander la cause de ces rumeurs.

 

Effet d'aurore boréale. Peinture de François-Auguste Biard

 

— Nous sommes assurément, lui répondit une femme effrayée, menacés des plus grands malheurs ; voyez-en les signes dans le ciel.

 

— Quoi ! n'est-ce que cela ? dit le Russe. Rassurez-vous : ces feux n'annoncent rien moins que ce que vous croyez. C'est la réverbération de quelques artifices que fait tirer l'impératrice de Russie à Saint-Pétersbourg. Je suis de ce pays-là ; et je dois vous dire que comme le bois, la poudre et le goudron y sont extrêmement communs, on en fait une prodigieuse dépense à certains jours de réjouissance ; et justement le jour où nous sommes est un de ces jours. »

 

Cette plaisanterie, débitée du ton le plus sérieux, passa de bouche en bouche et tranquillisa l’assistance.

Partager cet article
Repost0
3 août 2014 7 03 /08 /août /2014 08:55

D'après « Ma Revue hebdomadaire », paru en 1908

 

C'est le 2 mai 1855 que fut votée, sous le gouvernement de Napoléon III, une loi instaurant une taxe sur les chiens, au profit exclusif des communes, les propriétaires de ces animaux étant tenus de les déclarer annuellement en mairie. Présentée comme nécessaire dans la lutte contre les chiens errants et les accidents causés par la rage, ce dispositif demeura en vigueur jusqu'au 7 juin 1971.

 

En 1908, un chroniqueur de Ma Revue hebdomadaire s'intéresse à une singulière profession exercée à Paris, en rapport avec cette taxe : aboyeur...

 

 

Est-il vrai, écrit-il, que pour gagner 150 francs par mois, il suffit de savoir aboyer. Mais aboyer avec un art capable de faire s’y méprendre les véritables toutous. Le métier, assez dur, veut simplement un gosier à toute épreuve. On adresse une demande à l’administration des contributions directes, et voici en quoi consiste le « travail » :

 

La nuit venue, vous parcourez telle rue déterminée, en aboyant devant chaque porte. Quand il y a des chiens dans la maison, ceux-ci ne manquent jamais de vous répondre. On note le numéro, on fait le compte des chiens et, le lendemain, on vérifie sur leur propriétaire est bien en règle avec la taxe.

Partager cet article
Repost0
27 juillet 2014 7 27 /07 /juillet /2014 08:55

D'après « Contes à rire ou Récréations françaises », édition de 1788

 

Un des plus grands voleurs du Pays fut un jour pris par les archers du Prévôt qui l’emmenèrent devant lui, lui disant : « Monsieur, voici ce grand voleur que nous vous amenons, qui a fait tels et tels vols en tels lieux, et à tels. »

 

Ce voleur répond : « J'ai bien fait pis, Monsieur. — Il est vrai, repartit un de ces archers, c'est lui qui vola et assassina un tel. » Il répond encore : « J'ai bien fait pis, Monsieur. » Les autres contant encore d'autres vols et d'autres assassinats, celui-ci répondait toujours : « J'ai bien sait pis. » Le Prévôt lui demandant ce qu'il avait fait, il dit : « Je me suis laissé prendre. »

 

 

Comme il eut entendu prononcer son arrêt de condamnation à être pendu et étranglé, il dit : « Monsieur, s'il faut pendre tous les voleurs, il y a longtemps que vous devriez l'être. — Comment, répliqua le Prévôt ? — Parce que, dit le voleur, tous les Prévôts le sont, et que les lettres de leur nom ne chantent autre chose. P, veut dire prend ; R, veut dire rafle ; E, emporte ; V, vole ; O, ôte ; S, serre ; T, tire ou tout. »

 

Mais ce discours n'empêcha pas que ce pauvre diable ne passât le pas, tant les voleurs haïssent ceux qui leur ressemblent, afin qu'étant seuls, leur part de larcin soit plus grande.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Histoire de France. Le Blog La France pittoresque
  • : Histoire de France, magazine et brèves insolites. Retrouvez ici : 1° Des brèves insolites et pittoresques pour mieux connaître la petite histoire de nos ancêtres et la vie quotidienne d'autrefois. Le passé truculent ! 2° Notre revue périodique 36 pages couleur consacrée à la petite Histoire de France (vente sur abonnement et numéro) : articles de fond et anecdotes-clés liées aux thèmes traités.
  • Contact

Recherche

Facebook

La France Pittoresque...