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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 16:08

D'après « Journal du dimanche : littérature, histoire, voyages musique », paru en 1896

 

Beaucoup de nos lecteurs ignorent certainement que l'origine des boîtes aux lettres, dont le moindre village est pourvu aujourd'hui, remonte au seizième siècle.

 

L'Union postale universelle rappelle que, dans la République de Florence, existait l'exécrable coutume de placer dans les églises des boîtes en bois fermées, munies d'une ouverture, qui servaient à recueillir les dénonciations anonymes.

 

Boite-Venise.jpg

 

Ces boîtes portaient le nom de tamburi. Les clefs des boîtes étaient en la possession des membres du gouvernement, qui retiraient de temps en temps les dénonciations anonymes pour y donner la suite qu'elles comportaient.

 

Il va de soi que l'usage des tamburi produisait un scandale révoltant et cette institution, qui était destinée primitivement à sauvegarder la liberté des bourgeois de la République, avait assez souvent des résultats opposés.

 

Dans ces redoutables tamburi, nous devons voir, d'après l'Union postale universelle, les premiers commencements de notre inoffensive boîte aux lettres actuelle, que la poste a empruntée à la justice pour des desseins pacifiques.

 

Illustration : Boîte réservée aux dénonciations située au palais des Doges, à Venise, et portant l'inscription « Dénonciations secrètes contre toute personne qui dissimule des faveurs ou des services, ou qui cherche à cacher ses vrais revenus »

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20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 18:00

Près d'un siècle après la loi du 26 brumaire an IX (17 novembre 1800) disposant que « toute femme désirant s'habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir l'autorisation » et que « cette autorisation ne peut être donnée qu'au vu d'un certificat d'un officier de santé », la Ligue pour l'émancipation des femmes manifeste en 1891 le souhait de modifier le costume féminin, les journaux du temps publiant alors l'information suivante :

 

« D'une manière générale, la Préfecture de police n'accorde de permission de travestissement que si le ou la pétitionnaire produit un certificat médical attestant la nécessité de ce travestissement. Des exceptions furent faites à cette règle, exigeant le certificat médical, pour Mmes Dieulafoy, Rosa Bonheur, une ex-artiste de la Comédie-Française qui voulait assister à une partie de chasse, et, il y a longtemps, pour Marguerite Bellanger.

 

« Il y a actuellement dix femmes à Paris ou en province qui sont autorisées à porter le costume masculin. Il faut compter une directrice d'imprimerie qui peut passer absolument pour un homme, une femme qui exerce la profession de peintre en bâtiment, une artiste peintre, une femme à barbe qui a figuré à l'Éden autrefois, deux personnes mal conformées, et, enfin, une femme qui, extérieurement, a tout à fait l'air d'un homme, tellement elle serait ridicule si elle portait les vêtements de son sexe. D'autre part, un marchand de pommes de terre de la banlieue a été autorisé à porter constamment un costume de femme, à cause d'une infirmité qui lui rend impossible l'usage d'habits d'homme. »

 

En 1823, le Dictionnaire de police moderne pour toute la France (Tome 4) fournissait des modèles d'actes, parmi lesquels celui du TRAVESTISSEMENT, ou habillement d'une femme en homme :

 

N°1. Certificat du médecin ou chirurgien qui constate la nécessité du travestissement.

 

Et au bas.

Nous, soussigné, commissaire de police, à Paris, quartier..., certifions véritable la signature ci-dessus de M...., docteur en..., demeurant dans notre quartier, rue..., n°...

 

A Paris, le... Le commissaire de police...

 

 

N°2. Permission de M. le préfet de police pour le travestissement.

Paris, le...

 

Nous...

Vu le certificat du S..., docteur en..., demeurant à Paris, rue..., n°..., quartier d...

Vu aussi l'attestation du commissaire de police du quartier d...

Autorisons la dame..., demeurant rue..., n°..., quartier..., à s'habiller en homme pour monter à cheval, sans qu'elle puisse paraître, sous ce travestissement, au spectacles, bals et autres lieux de réunion ouverts au public.

La présente permission n'est valable que pour trois mois.

 

Signature de la dame.

Le préfet de police, ...

 

Permission-TravestissementPermission accordée à Rosa Bonheur en 1852

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19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 18:00

D'après « La Joie de la maison. Journal hebdomadaire illustré », paru en février 1896

 

On s'accorde à déplorer les mœurs fâcheuses des assemblées délibérantes. L'intérêt général passionne si fort les esprits que les particuliers s'entre-dévorent. L'épithète dite « parlementaire » est précisément la seule qu'on ignore dans les Parlements. L'Italie, la Belgique, l'Espagne et la France rivalisent à ce petit jeu de massacre législatif.

 

Parlement.jpgL'Officiel ne relate pas les interjections amères qui s'envolent des bancs dans les discussions un peu chaudes. Mais il suffit d'avoir assisté à quelque séance à sensation pour être édifié sur l'érudition de nos honorables en matière de langue verte. Ce vocabulaire leur est plus familier que le règlement.

 

Si un modéré monte à la tribune pour faire observer timidement que le projet de loi en discussion est peut-être une concession aux socialistes, aussitôt l'ouragan se déchaîne. « Chéquard, panamiste, vendu, ramolli, vieux bonze » sont décochés par les gens bien élevés. Les autres vont de « crapule, infection, Judas » à « majoritard », le comble de l'injure. Les orateurs aimés s'en tirent avec un « vieux goitreux ! » ou bien quelque : « Descends-donc de ton perchoir, hé ! feignant !».

 

Les âmes douces et généreuses gémissent de ces scandales ; mais les honnêtes gens font si peu de bruit qu'on ne risque pas de les écouter : on ne les entend pas. Pourtant M. Asquith, ancien ministre de l'intérieur anglais, a songé à réagir, et il propose un remède aux abus des apostrophes et des eng...agements parlementaires. M. Asquith propose simplement d'introduire dans les Parlements la musique, qui est réputée adoucir les mœurs.

 

Au cours d'une harangue prononcée dans le Temple-Hall de la Cité, pour les ouvriers de ce quartier, M. Asquith s'écriait : « Dans les cours de justice, où c'est mon destin de retourner ; dans la Chambre des communes, où je passe une grande partie de ma vie, je crois que l'interposition occasionnelle d'une heure de musique pourrait bien contribuer à rétablir l'harmonie entre des esprits combatifs et irréconciliables, à adoucir l'humeur et les querelles des partis. »

 

M. Asquith est un de ces hommes de bonne volonté auxquels la paix est promise, sinon donnée, sur la terre. Mais son remède est un peu simplet. Il a oublié que la discussion recommencerait sur le choix des morceaux à exécuter, et c'est alors qu'on s'en dirait de belles ! Les wagnériens pousseraient des hurlements si l'orchestre attaquait la valse des Roses ; d'autre part, les amis de la « vieille gaîté française » hurleraient à la mort devant Siegfried-Idyll, par exemple. Si, par cas, on jouait la Marseillaise, M. de Baudry d'Asson jetterait plus de clameurs que sa meute tout entière...

 

Non, le remède de M. Asquith n'est pas près de nous délivrer des bruits et incongruités parlementaires. Il passera des ouragans sonores dans les orchestres avant que nous ayons une musique victorieuse des passions politiques, une musique de Chambres.

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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 18:00

D'après « Le Journal de la jeunesse. Nouveau recueil hebdomadaire illustré », paru en 1904

 

Abeille.jpgTous les ans à l'entrée de l'hiver, dit Paul Noël, directeur du laboratoire d'entomologie de la Seine-Inférieure (aujourd'hui Seine-Maritime), les journaux publient des prévisions, en se basant sur les mœurs des abeilles et tous les ans, les mêmes erreurs se répètent ; on prétend que les abeilles rétrécissent l'entrée du trou de vol de la ruche, plus ou moins, suivant que l'hiver doit être plus ou moins rigoureux. C'est là une grave erreur.

 

Les abeilles savent très longtemps à l'avance, c'est-à-dire vers le mois d'avril ou mai, si elles auront froid l'hiver, et c'est en commençant leurs alvéoles qu'elles prennent soin de se préserver des rigueurs de l'hiver, si rigueur il doit y avoir. En effet, les abeilles peuvent, à volonté, construire des rayons chauds ou froids et, suivant la position donnée à ces rayons, les éleveurs d'abeilles les appellent cloisons chaudes ou froides.

 

Voici comment, en effet, les abeilles procèdent lorsque les ruches sont placées dans un courant d'air froid au gré du vent et de la pluie ou des neiges à venir. Elles construisent leurs gâteaux de cire les uns derrière les autres devant le trou de vol, si bien qu'aucun courant d'air ne peut avoir lieu. Si, au contraire, les abeilles sont dans un bon endroit et si l'hiver ne paraît pas devoir être trop rigoureux, elles bâtissent leurs gâteaux d'une façon tout opposée, permettant la libre circulation de l'air. Les abeilles rétrécissent quelquefois leur trou de vol au mois de septembre pour éviter qu'un gros papillon très avide de miel n'entre dans la ruche. Ce papillon, c'est le sphinx à tête de mort, dont la chenille vit sur la pomme de terre.

 

Les abeilles françaises savent très bien prévoir la pluie une demi-heure à l'avance, et lorsqu'il doit pleuvoir, on voit aussitôt toutes les ouvrières rentrer à la ruche. Ainsi : 1° Les abeilles construisent leurs rayons au printemps dans une direction ou dans une autre selon qu'elles ont ou prévoient qu'elles auront subir les intempéries de l'hiver ; 2° Le sphinx à tête de mort et les souris sont les seules causes qui leur font rétrécir l'entrée de la ruche ; 3° Elles savent très bien prévoir une demi-heure à l'avance s'il va pleuvoir.

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16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 15:58

D'après « L'intermédiaire des chercheurs et curieux », paru en 1893

 

Corruption.jpgTallemant des Réaux prétend que le sage Sully était appelé le Sire pot-de-vin dans son entourage. Sans remonter si loin et en s'attachant à des faits certains, les contrôleurs généraux de Louis XV recevaient ostensiblement des fermiers généraux, à chaque renouvellement du bail des fermes, c'est-à-dire tous les six ans, un joli pot-de-vin de 100 000 écus. Quelques ministres scrupuleux, ayant observé qu'il était rare de rester six ans en place, et voulant réserver une partie de la manne à leurs successeurs, avaient transformé le présent en une gratification annuelle de 50 000 livres.

 

En 1774, l'abbé Terray revint aux anciennes coutumes, et empocha d'un seul coup les 3 300 000 livres – quelques-uns disent même 450 000 livres – pour le renouvellement qui devait avoir lieu le 1er janvier 1775. Le malheur fit que l'abbé fut chassé cinq mois auparavant, le 24 août 1774. Turgot fit « dégorger la sangsue », et, au lieu de s'approprier la part qui lui revenait de droit, fit porter le pot-de-vin entier au trésor royal pour être affecté à une oeuvre de charité que dirigeaient les curés de Paris.

 

C'est là un exemple de pot-de-vin « régulier » ; en voici un d'une autre espèce. Un des chefs de bureau de Turgot, nommé Lacroix, avait dans ses attributions les finances de Paris et de Lyon ; il fît retirer à la directrice du spectacle de cette dernière ville le privilège de son emploi, après s'être fait donner, par un concurrent, une somme importante et s'être fait attribuer une rente de 18 000 livres pour toute la durée de la nouvelle exploitation. La directrice évincée, madame Lebreau, avait de la tête ; elle se plaignit. Au dire du comédien Fleury, c'est Louis XVI en personne qui prit l'affaire en mains et qui, reprochant à Turgot la conduite de son subordonné, lui adressa ces dures paroles : « Je n'aime ni les fripons, ni ceux qui les soutiennent. »

 

Le récit de Fleury est peu vraisemblable. Un document nous apprend  que la mèche fut éventée par Du Pont de Nemours, secrétaire de Turgot, et que l'honnête secrétaire, atterré de sa découverte, n'osa en parler lui-même à Turgot, et demanda l'assistance du lieutenant de police Albert. Lacroix fut renvoyé. Mais l'affaire ne put être tenue secrète ; les ennemis de Turgot s'en emparèrent pour établir que les réformateurs n'étaient pas plus honnêtes que les réformés, et l'un de ces derniers, Massenay, ancien directeur de la Messagerie, fit distribuer un billet d'enterrement de Lacroix, au nom et de la part de madame Lebreau. Ce petit événement contribua à la chute de Turgot.

 

Le meilleur moyen d'éviter les pots-de-vin est de restreindre les attributions de l'Etat ; moins il y a d'occasion de défaillir, et moins il y a défaillances.

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