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13 avril 2014 7 13 /04 /avril /2014 08:55

D'après « Le passe-temps agréable ou Nouveau choix de bons-mots, etc. », édition de 1753

 

Il arriva qu'un jour, un des gardes de Louis XI voyant un pou sur l'habit de ce prince, s'approcha, prit le pou, et le jeta sans qu'on pût voir ce que c'était. Le roi le lui demandant, il fit tout d'abord quelques difficultés ; mais, pressé par l'ordre du maître, il dit que c'était un pou.

 

« A la bonne heure ! lança alors le roi. C'est une marque que je suis homme ; car cette vermine s'attache le plus à l'homme, et surtout dans la jeunesse ». Puis le souverain fit donner quarante écus à ce serviteur honnête et discret. Quelque temps après, un de ses officiers, alléché par l'espoir de la récompense, aborde le roi, fait semblant d'ôter quelque chose de dessus son habit, et de le jeter avec la même attention.

 

Louis-XI-copie-1.jpg

 

« Qu'est-ce que c'est ? » dit Louis XI. Après se l'être fait répéter, le domestique déclare que c'est une puce. Mais le monarque, qui avait deviné quel était le but du drôle, lui dit : « Misérable, me prends-tu pour un chien ? » Et au lieu de quarante écus, le prince ordonne de lui donner quarante coups de bâton. L'histoire de ne dit s'il fut obéi ; mais Louis XI était homme à faire exécuter ses ordres sur-le-champ.

 

Illustration : Louis XI

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6 avril 2014 7 06 /04 /avril /2014 08:55

Le Figaro du 20 janvier 1914 relate un surprenant fait divers. Depuis la mort de sa femme, décédée il y a six mois, Armand Ribot, garçon coiffeur, demeurant 125, Faubourg-du-Temple, donnait des signes d'aliénation mentale.

Hier, après avoir pommadé avec vigueur la chevelure abondante d'un malheureux estropié, Ribot se saisit d'un rasoir, se plaça au centre de la boutique et commença un grand discours politique.

Poincare.jpg

 

Les clients, leur peignoir blanc sur le dos, s'enfuirent prudemment. Et quand les agents, attirés surtout par les cris que poussaient le bancal, arrivèrent, ils trouvèrent le fou déclamant : « Je suis M. Poincaré, disait-il, et je vais toucher 100.000 francs comme auteur des lois ouvrières et paysannes... »

Les gardiens l'invitèrent à laisser là son rasoir et à les suivre jusqu'à l'Élysée. Ils accompagnèrent le dément, en fiacre, à l'infirmerie spéciale du Dépôt.

 

Ilustration : Raymond Poincaré

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30 mars 2014 7 30 /03 /mars /2014 08:55

D'après « Dictionnaire des hommes illustres » (Volume 2), paru en 1758

 

Né en 1632 et d’origine florentine, le futur et célèbre compositeur Jean-Baptiste Lully arriva en France à l’âge de 13 ans et entra comme page chez Mademoiselle de Montpensier (dite la Grande Mademoiselle, petite-fille du roi Henri IV), qu’il amusait par ses saillies et par l’art avec lequel il jouait du violon.

 

Cette princesse, se promenant un jour dans les jardins de Versailles, disait à d'autres dames : « Voilà un piédestal sur lequel on aurait dû mettre une statue. » La princesse continue son chemin. Lully, qui avait entendu ce qu'elle avait dit, se déshabille complètement, et en cet état de pure nature, il monte sur le piédestal, et attend, dans l'attitude d'une statue, que Mlle de Montpensier repasse.

 

Lulli.jpg

 

La princesse revient en effet quelque temps après. Apercevant de loin une figure sur le piédestal où elle avait souhaité qu'il y en eût une, elle ne fut pas médiocrement surprise. « Est-ce un enchantement, dit-elle, que ce que nous voyons ? » Elle s'avança, et ne reconnut la vérité que lorsque, très proche du piédestal, elle ne put douter que la statue ne fût animée.

 

Les dames et les seigneurs qui accompagnaient la princesse voulurent faire punir sévèrement l'auteur de cette polissonnerie ; mais elle lui pardonna en faveur de son imagination burlesque, et cette folie, qui semblait devoir perdre Lully, fut le premier pas qui le conduisit à la fortune.

 

Illustration : Jean-Baptiste Lulli

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23 mars 2014 7 23 /03 /mars /2014 08:55

D'après « Choix d'anecdotes et faits mémorables » (Tome 1), paru en 1792

 

Le roi Louis XI, ayant reçu en présent une somme de 10000 écus d’or, somme alors très considérable, les fit étaler sur un grand bureau ; et pour animer les désirs ainsi que les espérances des courtisans qui l’entouraient : « Voilà bien de l’argent, messieurs, leur dit- il ; c’est un présent que l’on m’a fait, et que, dès là, je ne veux point qui entre dans mes coffres... ainsi ceux qui m'ont bien servi n'ont qu'à parler. »

 

Chacun alors ne manqua pas de détailler et d'exagérer tous les services qu'il disait avoir rendus à l’Etat, et d'établir en conséquence les droits qu'il croyait avoir sur les dix mille écus d'or. Morvilliers seul, les yeux baissés, ne disait rien.

 

Louis-XI.jpg

 

« Eh quoi donc ! mon chancelier, lui dit le roi, dédaignerez-vous de faire ainsi que ces messieurs, de bien exalter vos services ? — Sire, c'est que je suis moins occupé d’obtenir de nouveaux bienfaits de la part de Votre Majesté, que de me rendre plus digne encore de ceux dont elle m'a déjà comblé. — Oh ! oh ! mon chancelier n'a donc besoin de rien ?... Je suis vraiment ravi d'avoir un homme si riche à mon service. »

 

A ce propos les courtisans se félicitaient déjà d’être bien surs que le chancelier ne diminuerait rien de la somme que chacun d’eux convoitait ; lorsque le roi, se tournant tout à coup vers le modeste magistrat : « Monsieur, lui dit-il d'un ton grave et imposant, permettez que j'ajoute cette somme à vos richesses. Et vous, messieurs, continua-t-il avec un sourire ironique, vos services sont si grands, qu'il faut en remettre la récompense à une plus grande occasion. »

 

Illustration : Statue de Louis XI à Bourges, par Jean Baffier

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16 mars 2014 7 16 /03 /mars /2014 08:55

D'après « Balzac en pantoufles », paru en 1856

 

Le café de Balzac eût mérité de rester proverbial. Quelle couleur ! Quel arôme ! Il le faisait lui-même, ou, du moins, présidait-il toujours à la décoction, décoction savante, subtile, divine, qui était à lui comme son génie, rapporte l’écrivain Léon Gozlan.

 

Ce café se composait de trois sortes de grains : bourbon, martinique et moka. Le bourbon, il l’achetait rue du Mont-Blanc ; le martinique, rue des Vieilles-Audriettes ; le moka, dans le faubourg Saint-Germain chez un épicier de la rue de l’Université. Ce n’était pas moins d’une demi-journée de courses à travers Paris. Mais un bon café vaut cela et même davantage. Le café de Balzac était donc la meilleure et la plus exquise des choses... après son thé toutefois.

 

Balzac.jpg

 

Ce thé, fin comme du tabac de Latakieh, jaune comme de l’or vénitien, répondait sans doute aux éloges don Balzac le parfumait avant de vous permettre d’y goûter : mais véritablement il fallait subir une espèce d’initiation pour jouir de ce droit de dégustation. Jamais il n’en donnait aux profanes ; et nous-même n’en buvions pas tous les jours, écrit encore Gozlan.

 

Aux fêtes carillonnées seulement, il le sortait de la boîte kamtschadale où il était renfermé comme une relique, et il le dégageait lentement de l’enveloppe de papier de soie, couverte de caractères hiéroglyphiques... Si l’on prend trois fois de ce thé d’or, prétendait Balzac, on devient borgne, six fois, on devient aveugle ; il faut se consulter. Aussi, lorsque Laurent Jan se disposait à boire une tasse de ce thé digne de figurer dans les endroits les plus bleus des Mille et une Nuits, il disait : « Je risque un œil : versez ! »

 

Illustration : Honoré de Balzac

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9 mars 2014 7 09 /03 /mars /2014 08:55

D'après « Revue anecdotique des excentricités contemporaines », paru en 1862

 

Au XIXe siècle, un libraire était détenteur d'un manuscrit de haute curiosité, à savoir le journal d'un homme à bonnes fortunes, un journal sec comme celui d'un teneur de livres. On n'y trouve ni phrases à effet ni détails complaisants. Son rédacteur avait des choses plus sérieuses en tête.

 

Chacune de ses maîtresses a obtenu tout au plus une ligne de sa plume laconique. Mais quelle ligne ! Elle contient tout son passeport en signes très abrégés, tels que ceux-ci : j. p. p., b. ch. bl., ce qui veut dire : jolis petits pieds, beaux cheveux blonds.

 

L'ordre le plus parfait brille dans ce répertoire d'un nouveau genre. Tous les noms sont rangés par ordre alphabétique, et, dans chaque lettre, par ordre chronologique, l’addition donnant le résultat suivant :

 

Lettre A : 116 noms ; B : 26 ; C : 99 (dont 26 Caroline) ; D :40 ; E :  86 ; F : 43 (dont 15 Fanny. Les romans anglais étaient en ce temps-là fort à la mode) ; G : 16 ; H : 48 ; J : 66 ; K : 1 ; L : 71 ; M : 45 ; O : 10 ; P : 36 ; R : 42 ; S : 33 ; T : 6 ; V : 40 ; Z : 9.

 

Total : 833 noms.

 

Libertin.jpg

 

La date la plus reculée est celle de 1780 ; la plus récente est celle de 1834. Le maniaque qui pendant 54 ans sut jouer en France ce rôle de pacha, devait appartenir à l'un des grands théâtres de Paris, car il parle en trois endroits de ses écolières de théâtre et des débuts qu'il obtint pour elles.

 

Quant à la composition du sérail, elle est des plus bizarres. On y trouve tous les métiers, tous les titres, toutes les nationalités. Chaque caractère y est même indiqué, comme toujours, par trois ou quatre lettres qui ne font pas voir tout en rose dans la vie de cet incorrigible pécheur. C'est une pluie de gueuse, coquine, sotte, bête, bégueule, laide, cruelle, vilaine, rétive, haridelle, cavalle. Beaucoup plus rares sont les épithètes de douce, élégante, instruite, de bon ton.

 

Enfin, sur ces 833 femmes, notre Don Juan n'a trouvé qu'une seule fois, chose remarquable, l'occasion d'écrire ces deux pauvres petits mots : M’a aimé. En ces deux mots gisent sans doute tout le châtiment de ses cinquante-quatre années de libertinage.

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2 mars 2014 7 02 /03 /mars /2014 08:55

D'après « L'École des moeurs, ou Réflexions morales et historiques sur les maximes de la sagesse » (Tome 1) édition de 1837 et « Achille III de Harlay, premier président du parlement de Paris sous le règne de Louis XIV » paru en 1904

 

Figure la plus originale du monde judiciaire au XVIIe siècle, Achille de Harlay (1639-1712), issue d'une dynastie de magistrats, unissait à la connaissance la plus étendue de toutes les matières du droit, le goût des sciences et des lettres ; il joignait à la vivacité d'un esprit profond et perspicace, sous des apparences sévères, une humeur plaisante qu'il répandait dans un langage volontairement laconique et grave.

 

Devenu premier président du parlement de Paris en 1689, il reçut un jour la visite d'une dame fort laide venue solliciter auprès de lui un procès qui devait bientôt se juger, et qui était de conséquence. Il la reçut avec un front sourcilleux. Elle crut que cet accueil lui annonçait la perte de son procès. Elle sortit fort mécontente ; et dans sa colère, qu'elle exprimait à tout le monde, elle ne désignait ce magistrat que par le nom de vieux singe.

Achille-Harlay

 

Cela revint aux oreilles de M. de Harlay ; mais sourd à la voix du ressentiment, il écouta l'équité qui lui parlait en faveur de la dame. Elle apprit, contre son attente, le gain de sa cause. Elle ne manqua point d'aller remercier ce magistrat, en lui montrant un coeur plein de reconnaissance. Achille de Harlay, regardant la marquise avec un air riant, lui dit : « Il ne faut pas, madame, que vous soyez surprise de ce que j'ai fait pour vous : les vieux singes sont charmés d'obliger les guenons. »

La manière dont il reprit le chef d'une troupe de comédiens, n'est pas moins ingénieuse. Ils étaient venus pour lui demander une grâce : leur chef dit qu'il venait, de la part de sa compagnie, le supplier d'une telle chose. « Je délibérerai avec ma troupe, répondit M. de Harlay, pour savoir si je dois accorder à votre compagnie la grâce qu'elle me demande. »

 

Illustration : Achille III de Harlay d'après son buste original

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23 février 2014 7 23 /02 /février /2014 08:55

Extrait des Mémoires d'outre-tombe (1848)

 

Cependant qu’elle était en exil à Prague (octobre 1832 – mai 1836) suite à la Révolution de 1830, Marie-Thérèse de France (dite Madame Royale et fille de la reine Marie-Antoinette), reçoit en 1833 une lettre de la duchesse de Berry, Marie-Caroline de Bourbon-Siciles (mère du prétendant au trône de France Henri d’Artois comte de Chambord), alors emprisonnée au sein de la citadelle de Blaye (Gironde). L’écrivain François-René de Chateaubriand, qui avait été chargé de remettre cette lettre en mai propre, narre la scène dans ses Mémoires d’outre-tombe.

 

« Si Madame, repris-je, voulait lire la lettre que madame la duchesse de Berry lui écrit et celle qu'elle adresse à ses enfants, elle y trouverait peut-être de nouveaux éclaircissements. J'espère que Madame me remettra une lettre à porter à Blaye. » Les lettres étaient tracées au citron. « Je n'entends rien à cela, dit la princesse, comment allons nous faire ? »

 

Chateaubriand.jpg

 

Je proposai le moyen d'un réchaud avec quelques éclisses de bois blanc ; Madame tira la sonnette dont le cordon descendait derrière le sofa. Un valet de chambre vint, reçut les ordres et dressa l'appareil sur le pallier, à la porte du salon. Madame se leva et nous allâmes au réchaud. Nous le mîmes sur une petite table adjoignant la rampe de l'escalier. Je pris une des deux lettres et la présentai parallèlement à la flamme.

 

Madame la Dauphine me regardait et souriait parce que je ne réussissais pas. Elle me dit : « Donnez, donnez, je vais essayer à mon tour. » Elle passa la lettre au-dessus de la flamme ; la grande écriture ronde de madame la duchesse de Berry parut : même opération pour la seconde lettre. Je félicitai Madame de son succès. Étrange scène, conclut Chateaubriand : la fille de Louis XVI déchiffrant avec moi, au haut d'un escalier à Carlsbad, les caractères mystérieux que la captive de Blaye envoyait à la captive du Temple !

 

Illustration : François-René de Chateaubriand, par Anne-Louis Girodet

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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 08:55

D'après « Choix de mots célèbres de l'Histoire » paru en 1869

 

Le roi de France Henri IV était sans défiance. Il aimait à se dérober à la cour, à errer dans les campagnes et à interroger lui-même ses sujets. Quand ses amis inquiets lui remontraient qu’il devait avoir plus de soin de la conservation de sa personne et éviter de sortir sans être accompagné alors surtout que le levain de la Ligue fermentait encore, le monarque répondit :

 

« La peur ne doit point entrer dans une âme royale ; qui craindra la mort n’entreprendra rien sur soi ; qui méprisera la vie sera toujours maître de la mienne, sans que mille gardes l’en puissent empêcher... Il n’appartient qu’aux tyrans d’être toujours en frayeur. »

 

Henri-IV-copie-1

 

Bien que privée du duc de Henri de Guise (dit le Balafré) assassiné le 23 décembre 1588 sur ordre du roi Henri III, la Ligue avait pris une extension considérable à l’avènement du roi Henri IV (2 août 1589) qui appartenait à la religion réformée. Par sa conversion au catholicisme, Henri IV rallia à sa cause la grande majorité de la France, et la Ligue, écrasée bientôt par ce prince, disparut de la scène politique.

 

Illustration : Henri IV, par Frans Pourbus le Jeune

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9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 08:55

D'après « Curiosités historiques et littéraires », paru en 1897

 

Premier médecin de Louis XI, Jacques Coitier reçut de ce prince, au dire de Comines, jusqu'à 30000 livres par mois. Mais le roi, dégoûté par la suite de cet Esculape, donna ordre à son prévôt Tristan de s'en défaire sourdement. Averti par le prévôt qui était son ami, Coitier songea à éluder le malheur qui le menaçait.

 

Coitier.jpg

 

Connaissant le caractère hypocondriaque de Louis XI, il dit au prévôt que ce qui l'affligeait le plus était d'avoir remarqué dans ses recherches d'une science particulière que le roi ne devait lui survivre que de quatre jours. Le prévôt avertit le roi, qui fut si épouvanté qu'il ordonna qu'on laissât vivre Coitier, à la condition qu'il ne se présenterait plus devant lui.

 

Le médecin obéit de bon coeur. Se retirant avec des biens considérables, il fit bâtir dans la rue Saint-André-des-Arts une maison sur la porte de laquelle il fit sculpter un abricotier, pour montrer, dit-on, que Coitier était à l'abri, ou en sûreté dans ce lieu éloigné de la Cour.

 

Illustration : Jacques Coitier


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